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Ces gens pensent vivre, mais ils survivent.

Piégés eux-même par leur image, sur ce miroir, sur cette vitre, tous ces reflets au fond de vos yeux, en une grande baie sur l’inconscient, et qui les berne ces inconscients.
Conscients du net au bout de leurs doigts, de ces milles touches qui les dévoient. Ils sont à l’affut, ils sont aux aguets. Du centimètre de trop, du centimètre de moins, de ce sourcil trop gros, à s’en moquer de loin.
Ils sont tous déçus, ils sont tous drogués. A la musique, l’effort d’un sport. L’idée les panique, ils en deviennent cyniques.
Et ce mal qui s’en nourrit, tapis tant qu’il ne gît, est-ce qui les gouverne, tant qu’ils s’en consument, jusqu’à titre posthume.

Tant de paresse et tant d’absences, cette perte de temps née de cette peur d’en manquer tant. Un paradoxe, sans équivoque, suintant l’intox quand ils s’en moquent, de cette voix rauque l’ego en loques.
Ce sourire fade sur leur visage, l’envie en rade couverte de rage, ce sourire fade sur leur visage, n’est que l’estrade de leurs mirages.

Alors ils s’oublient. Le temps d’un mot, le temps d’une lettre, temps d’un « je t’aime » du bout des lèvres. Ils ont tous peur. Peur de cette mort, pour une telle vie, peur de ce vice qui brise le masque, peur du grand saut qui colle aux basques.
Alors ils s’oublient. Le temps d’un verre, au bout d’un cône, temps d’une caresse au bout des lèvres. Ils en ont peur. Peur de cette vie, peur de leur mort, peur du regard qui les démasque, peur du jugement au fond de la flasque.
Tellement du votre et tant du leur, à jamais vôtre tant ils en pleurent.

Et plus le temps passe, et plus ils se leurrent, en évitant la casse pour que quelqu’un les pleure. Et plus ils se tassent, et plus ils se meurent, quand ce qu’il reste de classe est Jadis qui demeure.
Puis l’un conscient se promène, et l’inconscient le malmène, lui qui toujours lorgnait les rênes semble se réjouir qu’on lui amène, et c’est l’air peu amène que pour en jouir il se démène.

Et les années passent, tout ça les dépasse, maintenant qu’ils s’en rendent compte ils n’en prennent même plus compte. Maintenant qu’ils perdent le compte, il leur faut lire des contes. A leur fils, et petits fils, miroirs intacts pleins de sursis, encore pleins de talc, pourtant messies.

De souvenirs en vieux soupirs, ils revivent tout, ils ravivent tout, puis le miroir se fêle, ils se perçoivent tel quel, et quand leurs yeux se ferment, l’extinction de leur feu ne lègue guère qu’artifice.

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La vérité c’est que je ne sais pas comment le décorer, ce papier. Les mots se perdent, les mots s’égarent, l’émoi se garde de trop s’y perdre.

Parlons de ces soirs solitaires, de ces soirs ou vos draps prennent froid de ne vous y voir, que tard le soir, blafard d’effroi, sinon jamais, cueilli par l’aube. Parlons donc de ces soirs ou votre vie s’étrécit, puis s’efface, ou votre pensée s’agite contre le joug de vos tourments. Parlons donc de cette conscience, enfuie dans un crépuscule sans crier gare, ni même faire cas de vos scrupules.

Vous repensez à ce regard un peu fuyant, à ce sourire mû par le vent. A cet oubli ce jour crucial, frère de distance un soir de bal. Vous fabulez, vous spéculez, votre imagination vous joue des tours, joue de détours, prend des allures de croque-mitaine : fugace de jour, tapie de nuit, dans vos pensées qu’importe l’atour.

Et c’est une toile macabre qui se dévoile, trame de mensonge sur fresque de honte. Peinture sordide, peinture fragile qui se dévoile, qu’ici défile de fil en fil, lors que l’un d’eux croise Vérité, lors que celle-ci frappe Cécité.

Parlons donc de vous, qui vous levez tous les matins, maintenir l’assise de votre monde, puis vous assoir sur l’ire féconde, bonheur si feint, à s’en confondre, mondain de rien, vibrant de vain.

Parlons donc de vous. Vous le coupable, vous le menteur. L’inébranlable conspirateur, vous l’inlassable tueur de moeurs. Oui vous, malgré vous prisonnier de tant de fils, de cette grande toile sur votre vie, que tous les jours vous étoffez, dont tous les jours vous suffoquez, mère tous les jours de nos laquais, sur votre mer vous tient à quai.

Nous les mensonges, nous les non-dits, soeurs d’une erreur, oncles d’une honte.

Nous tous vos fils, vous condamnons. De notre vie vous accusons.

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Old boy, mais qu’es-tu donc devenu ?

Qui sait quelles histoires se cachent dans le défilé de leurs rides ? L’épiderme aride, les jointures si rigides. L’ont-ils été autant ? Ont-ils foulé telle terre ?

Ils ont l’œil vif, le corps pesant, le pour et contre pesés si vite. Un esprit vaillant, mais leur fierté, rongée à vif. Au creux des ombres, leurs yeux vous crient sagesse et se tiennent coi dans la raison, ils vous percent, ils vous brûlent, tisons ardents dans la pénombre.

Old joy, mais qui t’as donc vendue ?

Leurs mains calleuses usées du vent, tâchées du temps, se posent parfois sur votre épaule, et en fermant les yeux vous pouvez le sentir, le soleil qui tanna leur peau, le sommeil qui manqua de trop, et cette sueur qui perlait du front. Lors que chaque montagne qui semble se dresser devant vous s’effrite dans la poigne de leur passé.

Old life, pourquoi t’es-tu donc tue ?

Ces mains si frêles se tendent vers nous pour nous offrir, ou quémander. Dix mains unies pour nous relever le menton qui ne parviennent pourtant pas à nous faire lâcher cette pièce qui semble si lourde, lestée du poids de notre arrogance, l’estime si haute qu’elle ne voit pas que leurs doigts prennent tant l’averse. Des doigts qui n’auraient même plus la force de tenir le poids de notre fierté.

Ces petites choses sur nos épaules qui semblent être monde à nos oreilles, et qui glissent, tombent, pour qu’encore cette poigne fébrile vienne nous les rendre. Nous le rendre, notre fardeau.

Old code, nous avez vous donc vu ?

Alors vous levez les yeux, des yeux plissés d’humeur, lueur sauvage en guise de mots. Après tout, vous n’en voulez pas. Vous n’en voulez plus. Qu’ils restent à terre, tous ces soucis, ils y sont bien, ils souillent le sol de plus de maux.

Et pour toute réponse, le silence d’un regard emprunt d’humilité qui vous murmure tout de même :
« J’ai porté le soleil et la lune de ta vie sur mes épaules mon ami.
Porte donc ceci pour les autres.
Porte donc ceci pour toi. »

Old boy, good joy, ainsi t’es-tu vêtue.

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Je me souviens, comme on a ri. Souvenez vous, cette euphorie. Tu te souviens, cette mélodie ?

On est comme ça.

On veut du son qui nous écrase, des mélodies qui nous remontent. On veut du riff, des basses, du décibel. On veut du spectacle. Sauter, crier, danser, chanter plus fort que la musique. Grandiose musique en guise de socle, on veut que ses notes dévoilent le ciel, et le septième pour toutes ces fois.

On veut rêver aussi, voir des visages tout souriants, des yeux qui pleurent chez les râleurs, des bras qui se lèvent à l’unisson, les masques fêlés par tant de bonheur. On veut la joie en toutes les places, la discussion dans chaque regard et du plaisir dans chaque parole.

On est comme ça.

On veut vibrer vous savez. De l’émotion à en mourir. De l’énergie à tout moment. Par pitié, donnez en plus. On en veut plus. Du tout nouveau et du classique, que tous les genres se tiennent la chique. Du mélange que diable, et que le diable fasse les mélanges !

On veut pas de race, d’origine ou de classe sociale. On veut cette classe pour origine, et pour toute race l’unique qu’on voit; celle qui palpite à nos oreilles, celle qui t’invite dans ton sommeil. On en rigole de vos convenances, vos rites et codes qui vous enchainent, à votre chaise et votre télé. Nous on s’aime, on se déchaine, c’est ça notre code, et le seul rite, c’est le partage. Celui du son, de la musique, celui de l’oubli quand elle commence, et de ce manque quand elle s’arrête.

On est comme ça.

La musique, on veut la vivre, la sentir, palpable. On veut l’escalader pour mieux y plonger, surfer sur la tempête de ses variations. On veut pas juste l’entendre non, on veut qu’elle nous entende ! On veut pas juste un courant d’air non, on veut qu’elle nous éteigne. A grands coups de gifles si il le faut, une pour chaque note si elle le vaut !

On l’aime la musique. On veut qu’elle nous transperce, mourir par elle, celle d’une guitare, celle d’une platine, par une voix, juste l’instrument qui nous renverse. C’est son frisson que l’on recherche, le long de l’échine, vous comprenez ? On veut l’instant, et le moment. On veut sentir, et ressentir. Ces notes sous notre peau, primant en sourdine sur la trame de notre âme, impriment d’une larme cet orchestre qu’elles expriment.

On est comme ça.

On veut aller plus vite que la musique. La rattraper, et l’enlacer, qu’elle nous dépasse, et l’entendement ! Puis l’asphyxie. Ce beau refrain qui coupe le souffle, que la musique nous laisse sans mots, cent mots en tête pour tout refrain, qu’un souffle occis confesse en fin. Sans mots disais-je, ni même de jambes, à peine de bras, tout juste cette tête qu’elle fait tourner.

Vous êtes comme ça.

Elle est partout, cette mélodie. Dans les arbres là haut, ou les oiseaux se chamaillent. Dans ces casseroles que le vent cajole. Elle est là, dans le bruissement des feuilles, dans le sifflement de leur bourreau.

Elle est aussi là. En vous, cette musique. Dans votre cœur qui bat, le bruit de vos pas. Dans votre souffle qui part, le bruit de vos retards.

Ecoutez donc, cette musique là.

Ecoutez vous, chantant déjà.

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Et si l’espace d’une seconde, vous reviviez votre vie entière. Les mêmes choix, les mêmes erreurs, les mêmes peines pour les mêmes sourires.

Et si l’arc en ciel à votre fenêtre était venu pour vous, comme le sourire de l’aube vous souhaitant bonne journée. Et dans vos yeux son reflet tout le jour, gravé sur l’iris, rivé dans ceux des autres. Votre visage, leur fenêtre.

Et si la nuit devenait jour, l’absence d’un père l’amour d’une mère, et si vos soucis courbaient l’échine en un escalier qui vous élève, la peur deviendrait le vent de poupe qui gonfle vos poumons. Votre air, votre hymne.

Et si chaque jour, le 5 se transformait en 10. L’éternelle fatigue muée en ivresse d’une vie reposée.

Et si cet air sifflé chaque matin, vous arrachait ce poids qui vous ancre, l’accrochant au ciel pour qu’un clin d’œil au soir puisse le gratifier d’un adieu.

Et si ces mots refaisaient vraiment le monde. Paris en bouteille, quelques arbres et merveilles. Quelques arbres, une bouteille, paris qui en sort, la bouteille qui éclate, et ses éclats comme tant d’écailles d’une terre qui vous rappelle que si proche soit l’image, un regard peut la briser.

Ce regard en arrière, et vous vous revoyez, médecin, pompier, les billets dans une main, la chair dans l’autre, puis devant vous : le soleil. Dans vos mains, une clope et une bouteille. Alors que vous expirez, la réalité se déforme, et l’instant d’une seconde, vous vous demandez si ça n’est pas Paris que vous noyez.

Le soleil se couche, la nuit passe et tout empire, cette ombre vous agresse, la lune vous traque, sa lueur si proche du projecteur. Elle voit tout, vous avez peur. Vous vous cachez, pour vous rendre compte que c’est vous qui voyez tout. Vous vous voyez, tremblant sous votre couverture de mensonges. Et vous pleurez.

Puis l’aube arrive, et vous êtes toujours là, le soleil se levant. Vous regardez derrière, et vous rendez compte que vos traces sont doubles. Blâmant l’alcool, vous dressez votre dextre, pour la retrouver double elle aussi. Tant de doigts ? Vous regardez alors à côté, et croisez son regard.

Alors, vous vous souvenez. Et si c’était d’y croire ?

Et si l’espace d’une seconde, vous reviviez votre vie, entière. Les même choix, les même erreurs, les mêmes peines pour les mêmes sourires ?

Alors cette seconde s’écoulerait inchangée, car cette fumée que vous expirez maintenant ne déforme pas ce regard qui vous dénude.

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