Noir et blanc

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Laissez moi vous accueillir sur terre, du vil côté
Vous escorter dans les ruelles crasses d’anxiété
Ou cernes et rides se gaussent du manque de sobriété
Du manque d’abri, d’un feu de camp, et de manger à satiété

Laissez vous donc cueillir par ce torrent de violence
Laissez vous donc flotter sur ce ruisseau de haine
L’esquif de votre morale bientôt percé de jalousie
Coulant son passager dans les bas fonds de la survie

Puis l’affluent vous mène au fleuve bondé de monde
Celui du superficiel et du paraître, le fleuve miroir
A la surface duquel le narcissisme vagabonde
Ou bien des gens vous serviront de faire-valoir

Sur ses berges jonchées de déchets toxiques
Vous constaterez les affres de ce monde boulimique
Ou certains se bâfrent de manière endémique
Font d’un objet flambant neuf une immédiate relique

Peut-être déboucherez vous alors au lac du mépris
Aux remous de racisme, au brouillard de sexisme
D’une courbe inattendue ou d’une couleur surpris
Mus par la peur de l’autre, sinon l’égocentrisme

Trébuchez donc au milieu du sang et des débris
Que certaines villes cultivent sous réserve de conquête
Que beaucoup encore foulent l’humeur assombrie
N’ayant plus qu’un toit sûr pour unique requête

Et tellement plus encore

Laissez moi vous accueillir sur terre, du beau côté
Vous escorter dans les couloirs d’hôpitaux immaculés
Ou nombre courageux affrontent sous peine et sans relâche
Un grand ennemi avec des fonds restreints, une santé lâche

Laissez vous découvrir l’immense beauté de certains gestes
De ces personnes sauvant des vies sans demander leur reste
De ce tatouage couvrant un sein enlevé d’un beau dessin
De ces repas distribués dans la rue sans autre dessein

Une brave âme quittant l’école pour s’occuper d’un proche
D’une ceinture serrée au sang, payer l’école d’un mioche
Voire l’un, puis l’autre, contraints de cumuler le travail
Pour joindre les deux bouts tout juste, rester sur les rails

Bienvenue du côté des gentils, du côté des altruistes
S’échinant non sans mal à remettre les démunis en piste
Qui brûlent temps et argent sans en attendre retour
Qui brûlent tant d’aider, ne se payant que d’amour

N’avez vous jamais vu un arc-en ciel déchirer le ciel
Joignant deux pans de l’horizon tel un tissu cicatriciel
N’avez vous jamais capté un rayon de l’aube s’étirant
Paresseusement sur le rideau de poussière du printemps

Ce même faisceau dardé peut-être sur quelque médaille
Celle d’un héros de guerre, celle d’un héros de rue
Aux nerfs d’acier sollicités pour un exploit de taille
Loués pour un suicide qu’aucun dirait d’avance couru

Et tellement plus encore

Et nous passons ainsi notre vie en noir et blanc
Un soir à faire grise mine et la gommer en se levant
Comme lors de nos jeux d’enfants, alors innocents
Eviter les dalles d’une couleur, compter jusqu’à cent
Quelle dalles choisissiez vous alors
Quelle teinte choisissez vous alors

Type: vers libre
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