Love & Lies

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Enfant, on lui a dit que rien n’était plus fort que l’amour. Alors il l’a cherché. L’a trouvé. L’a idéalisé.

Sur cette idée, les gens sont venus clouer des planches. Marquées grossièrement des mots clefs de « respect », « confiance » ou “connivence”. Un sacré mur de planches, croyez moi ! Plus tard, il devrait apprendre qu’Utopie, cette étrange encre les composant, vomissant Fierté, son odeur de soeur, couvrait en fait les vers d’une réalité qui rongeait le bois de leurs certitudes, couvait en fait l’envers d’une alité qu’était la voix de leurs aptitudes.

Chaque étincelle dans les yeux de ces humains n’était en fait que le feu d’une étoile qui s’éteignait. Ils juraient en son nom, s’enlaçaient sous son oeil, s’empressant d’oublier dans les notes d’une douce voix que le témoin de leur union s’était peut-être déjà consumé.

Alors il les regardait, ces amoureux. Entichés d’un regard, d’un sourire, d’une ombre étrangère s’invitant dans la leur. Ils faisaient des projets, projetaient leur envies, et en piétinaient l’ouvrage quand l’hiver approchait, glaçant les gouttes d’un oeil déçu au milieu de quelques flocons. Givrant le coeur d’un corps reclus dans des mensonges abscons.

Et lors que cette encre tapissait les murs de son indifférence, elle finit par couler sur le sol d’une conscience. La conscience jadis doute, mua en certitude, pour finir en présence. Si présente. Sa présence, ce présent.
Sarah.

C’était le soleil levant sur la plage de ses craintes, toisant la mer de ses doutes qui s’acharnait à lécher le sable de ses questions. C’était cette grosse boule qu’on lui extirpait du ventre et qu’on exhibait en trophée, arborant cette couleur vive d’une colère d’y avoir logé trop de temps.

Elle le rendait fou. L’abreuvait de bonheur, le berçait de son corps, embrasant son désir de ses délicates courbes, étouffant de son rire ses remords les plus fourbes. D’une longue brasse dans sa folie n’en sortait altérée, ignorant la marée, s’en moquant de messes-basses.

Et cette histoire est nimbée d’inepties, l’acte final d’une grande mascarade, comme son âme toute entière l’a d’ailleurs toujours été, comme cette jeunesse dont il ne se souvient plus, empruntée à son hôte vaincu de déception, ayant attiré de sa dépression l’oeil malveillant de ce parasite. Car ce dernier invité n’aura jamais connu que cela, l’artifice. Oui lui, Baal, seigneur du mensonge et de la tromperie, voyait désormais son imposture menacée par ce frêle être qu’était Sarah, s’évanouir au contact de sa peau ou sous l’écho de ses soupirs.
Baal était comblé, et il était son propre comble, se voilant la face au propre comme au figuré de cette apparence qui l’habillait, vêtu de sa dernière tromperie, de ce dernier simulacre qu’il tisserait.

Et c’est bercé des embruns de l’océan sous ce soleil de plomb, que Baal se feinta d’un sourire.

Aux méfaits d’une éternité.
A Sarah.
A cette soudaine mortalité.
Et à cet ultime mensonge qu’il cracherait au visage du trépas.

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